mercredi 12 septembre 2012

Et la gouvernance de l'école?


Je suis en rogne. Décidément cette consultation pour la "refondation" de l'école me tape sur le système!

Une page est apparue sur le site de la consultation, page exposant un certain nombre de "comparaisons internationales" sur certains points du fonctionnement des écoles. C'est là que la bât blesse: on nous évoque un certain nombre de questions annexes certes importantes, comme la scolarisation des élèves handicapés ou la prétendue violence scolaire -comme si la violence était un point spécifique aux écoles à notre époque!-, mais RIEN n'est dit des trois principales questions qui permettront de sauver l'école française, sinon en filigrane:

  • la gouvernance des écoles primaires (maternelles et/ou élémentaires);
  • l'organisation de l'école;
  • le fonctionnement de l'école.

Le fonctionnement de l'école est primordial: l'enseignement qui y est dispensé doit-il ou non être basé sur une pédagogie de la réussite? Oui, bien sûr, aucun enfant ne doit quitter l'école primaire sans y avoir acquis les mêmes bases que ses camarades. Pour cela, tout doit y être pensé pour faciliter les acquisitions: fonctionnement en groupes de niveau -ceci avait été effleuré par l'organisation en cycles-, abandon des programmes quantitativement démentiels au profit des bases afin de pouvoir y consacrer tout le temps nécessaire à leur acquisition par TOUS les élèves, etc.

Un tel fonctionnement implique une organisation différente de l'école primaire en France, avec certainement en fonction des contraintes sociales du lieu d'implantation -et donc du niveau socio-professionnel des familles- la possibilité pour les écoles d'organiser elles-mêmes une partie plus ou moins importante des programmes nationaux. C'est déjà ce qui se fait dans les pays qu'on nous montre en exemple, comme la Finlande: s'il faut deux fois plus de temps à Pétaouchnok qu'à Trifouillis pour y apprendre aux élèves les bases du programme, il faut que les écoles de Pétaouchnok aient la possibilité d'y consacrer deux fois plus de temps! Nous devons décentraliser, je l'avais déjà écrit dans un autre billet, notre jacobine Éducation Nationale. D'autre part, plus personne n'a le droit de passer sous silence le taux d'encadrement des élèves. Si la Finlande n'a guère moins d'élèves par classe que la France (approximativement 20 pour 23 chez nous), ce chiffre ne tient pas compte des auxiliaires d’enseignement ni des enseignants spécialisés -en maths, en langue...- qui y sont pléthore! Il y a en général deux adultes par classe de 20 en Finlande.

Toutes ces rénovations impliquent une gouvernance rénovée des écoles. Qui peut croire qu'un directeur d'école française, aujourd'hui chargé d'enseignement avec une classe, assailli de sollicitations diverses, -parentales, hiérarchiques, enfantines, communales, commerciales...-, submergé de demandes administratives redondantes ou contradictoires, pourrait gérer correctement une école organisée comme il serait souhaitable qu'elle le fût? En revanche, qui pourrait être mieux placé qu'un directeur d'école, familier des contraintes du terrain et excellent connaisseur des capacités et des besoins des élèves de son école, pour accomplir cette tâche? Le principal du collège, comme M. le Ministre voudrait nous le faire accroire? L' "école du socle" est une fumisterie qui enterrera définitivement l'école primaire de notre Nation.

Il est aujourd'hui nécessaire de transformer les directeurs d'école en professionnels qui se consacreront uniquement à la mission de direction d'école. Il est nécessaire de donner aux directeurs d'école un statut de chef d'établissement primaire. Ce statut, avec des devoirs, des contraintes, des responsabilités et prérogatives parfaitement définis, permettra seul de transformer l'école primaire française dans le sens qui est souhaitable pour les enjeux du  XXIème siècle.

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    2 classes de l'école que je dirige (6 classes) correspondent avec 2 classes d'une école du Sud de l'Angleterre. L'année dernière, dans le cadre du jumelage, la directrice de cette école est venue visiter la nôtre avec quelques élèves accompagnés d leurs familles. Son école a 165 élèves donc à peu de choses près la même taille que celle dont je suis directrice, mais elle n'est pas chargée de classe. Par contre, elle fait de l'enseignement, en prenant des petits groupes d'élèves à droite à gauche.
    Jusqu'en juin dernier, nous avions un EVS qui prenait en charge par demi-classes, le suivi du B2i et les séances dans la salle info. Fin du contrat, plus personne en salle info. Je n'ai qu'une journée de décharge déjà insuffisante pour le boulot administratif. Mais si j'étais entièrement déchargée, je pourrais m'occuper de ça, et du soutien aux élèves en difficulté. Et avec quel plaisir je le ferais! Par contre, une classe (CE1/CE2) avec tout ce que ça implique et la direction, il y a des moments où je me demande si je ne vais pas abandonner...

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