Les Inspecteurs de l'Education Nationale...

L'école française propose une spécificité étrange qu'en jargon de l’Éducation Nationale on appelle un IEN, ce qui signifie "Inspecteur de l’Éducation Nationale".

Cer animal étrange avait à l'origine pour rôle unique celui d'inspecter les instituteurs, c'est à dire de vérifier leurs compétences et leur respect des programmes, puis de leur donner une note, laquelle permet à certains de grimper plus vite les échelons de la fonction publique, ou au contraire à d'autres de stagner dans les boues.

Autant on peut penser que pendant les cinquante premières années d'existence de l'école publique en France, le système a fonctionné correctement ou à peu près avec des gens qui prenaient cette responsabilité au sérieux, autant au début des années 70 la notation des instituteurs puis des professeurs des écoles est devenue n'importe quoi. Mes collègues un peu anciens dans le métier auront tous vu des lèche-bottes dotés de notes faramineuses, quelle que soit leur façon de travailler, et d'excellents enseignants au contraire maltraités par une hiérarchie qui devenait un temple du laxisme et du clientélisme.

Devant les abus de ce pouvoir, l’État a fini par donner aux IEN des "fourchettes" de notes selon l'ancienneté: tant d'années de métier = une note entre tant et tant. Inutile d'ajouter que la note en question aujourd'hui ne représente plus rien, et certainement pas la qualité d'enseignement d'un professeur des écoles. D'ailleurs il est fort justement question de la supprimer, ce qui ne serait qu'entériner sa totale inutilité.

Mais que resterait-il alors à nos IEN pour justifier leur existence? Pas grand chose. Je dirais même rien. En fait aujourd'hui ce corps est une survivance qui coûte fort cher à la Nation, pour un intérêt minime, si minime qu'il serait beaucoup plus séant de l'éradiquer pour laisser les écoles travailler à leur guise. Parce qu'il faut vous dire que pour justifier leur présence ces gens-là se mêlent souvent de choses qui ne les concernent pas, passant même parfois outre les textes de loi qui régissent l'école française, pour par exemple réclamer un droit de regard sur des compte-rendus de Conseil d'école, alors que celui-ci est souverain dans ses prérogatives, ou alors mettre les nez dans des répartitions d'élèves ou de classes, qui sont du seul ressort du directeur d'école.

Je ne parlerai pas de la façon scandaleuse dont les Inspecteurs de l’Éducation Nationale se sont emparés des mesures lancées par le précédent gouvernement de ce pays, harcelant enseignants et directeurs d'école de décisions ou de réclamations ou de paperasses toutes plus diverses qu'inutiles, ou encore de demandes d'évaluations absurdes. Aujourd'hui tous ces braves gens retournent leur veste avec plus ou moins d'élégance et n'hésitent pas à brûler ce qu'ils ont hier tant adoré. Je vous assure, c'en est sidérant.

Parlerai-je d'une inspection?  Il y a souvent de quoi rire... jaune, surtout quand un IEN, pour moi qui suis en maternelle, ne sait dans ses discours que montrer sa totale ignorance de l'école maternelle ou de la façon dont grandit un enfant entre trois et six ans. Quand on vous propose de consacrer une semaine d'école à faire des évaluations normées en langage avec des enfants de trois ans, on ne se demande plus ce qui ne tourne pas rond dans le système scolaire français. J'en parlais dans un billet précédent, il n'y a que dans l’Éducation Nationale en France qu'on puisse trouver un administratif pour quatre enseignants!

Supprimons les IEN qui ne servent à rien, ou du moins réfléchissons sérieusement à l'éventuel intérêt de les conserver (mais pour quoi faire?). En revanche, donnons aux directeurs d'école de ce pays, qui sont la cheville ouvrière de l'école, les moyens de faire correctement leur travail en leur accordant un statut. Donnons aux parents d'élèves une place prépondérante dans des Conseils d’Administration Scolaires. Il suffira de très peu de temps pour que l'école française fasse de nouveau preuve d'excellence.