vendredi 7 septembre 2012

Révolution syndicale?


Moi qui à l'âge que j'ai ne m'étonne plus de grand chose, me voilà épaté par un texte officiel du SNUipp, qui reste jusqu'à présent le seul des grands syndicats d'enseignants à refuser de discuter avec le GDID -et ne répond même pas aux courriers, ce qui est d'une incorrection rare-. Je vous livre ce texte du 3 septembre dernier in extenso, tel que je l'ai déniché sur le site du SNUipp de la Gironde:

Direction et fonctionnement d’école

La fonction de direction d’école est en constante mutation, les tâches qui lui sont attachées sans cessent se multiplient et s’alourdissent (enquêtes administratives variées, mise en place et gestion de l’accompagnement éducatif, base-élèves, délégation de l’inscription en 6ème via le logiciel Affelnet…), les missions deviennent plus complexes, les responsabilités s’accroissent.

Le manque de temps, de formation, d’outils, d’aide deviennent criants et laissent la plupart des directeur-trices seul-es face à leurs difficultés. Malgré tout cela, rien ne bouge.

Les sollicitations sont chaque jour plus nombreuses de la part de la hiérarchie bien-sûr mais aussi des collectivités locales, des familles, des collègues. Pourtant la question de la direction d’école n’est jamais au centre du débat, Elle est même bien peu évoquée dans le cadre du projet de refondation de l’école.

Le 11 juillet, la commission des affaires culturelles a auditionné Vincent Peillon et George Pau-Langevin. Le ministre a reconnu la complexité du travail de direction, il n’envisage pas pour le moment le statut de direction, mais promet le renouvellement des aides administratives. D’autre part, le Ministre ne remet pas ici en cause la mise en place de l’école du socle qui inclue les écoles primaires dans un fonctionnement de type second degré, et développent l’autonomie avec tout ce qui en découle en termes de déréglementation ( postes à profil, etc…). Une conception de la direction d’école bien éloignée de la réalité des écoles, des besoins sur le terrain, éloignée des enseignant-es qui veulent contribuer à faire vivre une école à visage humain, éloignée des directeur-trices qui sont majoritairement réticent-es à assumer des responsabilités de gestion de la ressource enseignante et tiennent à rester des enseignant-es exerçant une fonction particulière au sein de l’équipe pédagogique.

La question de la direction d’école doit faire partie intégrante du projet de refondation de l’école. Une réflexion sur cette fonction doit avoir lieu. Des textes clairs doivent enfin préciser ses missions, ses responsabilités, ses compétences et celles du conseil des maîtres. Des outils d’aide doivent être élaborés. Un nouveau métier d’assistant administratif doit être créé. Une réelle formation doit enfin être proposée aux directeur-trices et non plus une simple information.

Le moment est venu d’agir pour que le Ministre augmente rapidement le régime des décharges et pour une revalorisation de la fonction. Le SNUipp-FSU, comme la majorité des directeurs, défend l’idée d’un-e directeur-trice qui continue à mener une action pédagogique dans son école pour la cohésion de l’équipe, et qui n’est pas un relais hiérarchique dans l’école. Les enjeux sont de taille. Les orientations à venir seront déterminantes. Le SNUipp-FSU33 vous attend nombreux à ses côtés pour faire évoluer ce dossier.

Je suis époustouflé! J'aurais pu, certes avec quelques variantes, écrire ceci moi-même. Surtout la partie qui rappelle que la question de la direction d’école n’est jamais au centre du débat. Les propos sont mesurés, justes, sans acrimonie, exposent une réalité qui jusqu'à présent semblait échapper au SNUipp. Il est réclamé ce que réclament depuis des lustres le GDID et les directeurs d'école exsangues, soit une définition claire de notre rôle et de notre mission. Même le mot jusqu'ici honni statut est présent. Voilà ce qu'on appelle un sacré aggiornamento de la part du SNUipp. Assistons-nous à une révolution syndicale? Pouvons-nous avoir l'espoir d'être -enfin- soutenus dans nos justes revendications par cette centrale qui reste historiquement comme numériquement un des grands syndicats d'enseignants?

Les mouches doivent se méfier du miel, pour ne pas s'y engluer. Je demande donc quand même à voir. Mais qu'est-ce que ça fait du bien! Même s'il est devenu évident que l'école ne pourra plus se contenter d'une simple remise à plat de nos devoirs, de nos responsabilités, de nos indemnités, ou de nos décharges. C'est une redéfinition du fonctionnement de l'école qui est nécessaire, et du rôle de chacun de ceux qui y travaillent, des Directeurs académiques aux IEN, des directeurs aux enseignants. C'est un statut de chef d'établissement primaire qu'il nous faut, pour ne surtout rien laisser perdurer de la présente situation, et pas quelques pansements sur notre présente jambe de bois. C'est pourquoi cet appel ressemble aujourd'hui fort à un vœu pieux pour que les directeurs se rallient au SNUipp. Néanmoins, comme aurait dit mon père: "Bel effort!"

1 commentaire:

  1. Je dois être une grosse mouche très méfiante car contrairement à l'auteur de l'article, je ne vois guère de modification de la "ligne" du syndicat-majoritaire.
    C'est vrai : le texte est posé, écrit sans acrimonie et, par bien des côtés, lucide dans ses constats. Et pourtant, une fois ceci posé, la lecture nous renvoie à une trilogie bien connue : du temps, des moyens, de l'aide administrative.
    Écrire que l'on est favorable à une reconnaissance (précisons : de la "fonction" dont tout un chacun, directrice-directeur, reconnaîtra qu'elle est devenue un véritable métier)ne mange pas de pain.
    Les directeurs "tiennent [sic!]à rester des enseignant-es exerçant une fonction particulière au sein de l’équipe pédagogique."
    Tout est dit : le fameux "comme les autres" est toujours indéboulonnable !
    Redéfinir la "fonction" mais aussi, ce serait un tort de l'omettre "celles [missions, responsabilités, compétences] du conseil des maîtres."
    En effet, c'est encore un "bel effort" que doit effectuer le syndicat-majoritaire pour parvenir, avant qu'il ne soit trop tard, à une réelle prise de conscience de notre situation, loin des caricatures (il ne manque pas l'allusion au directeur "relais hiérarchique"), des solutions toutes prêtes et des recettes qui, depuis qu'elles sont proposées, n'ont ni nourri le débat, ni agrémenté notre condition...

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