mardi 2 octobre 2012

La carpe statutaire et le lapin à cloche-pied...


Le SNUipp, syndicat d'enseignants du primaire, vient de nous pondre un texte étrange sur la direction d'école, une logorrhée à la dialectique torturée comme seuls savent en faire des syndicalistes qui ne savent plus trop sur quel pied danser. Il faut dire à leur décharge qu'à force de refuser catégoriquement de considérer les directeurs d'école comme des interlocuteurs valables, le SNUipp se trouve maintenant dans une position isolée et très inconfortable face au consensus qui se dégage aujourd'hui quant à la nécessité de ne plus laisser les directeurs d'école dans la situation dans laquelle ils se noient depuis plus de dix ans. Nous assistons du coup à une sorte de pas-de-deux, deux pas en avant et un pas en arrière, dans ce texte à la conclusion plus qu'étrange et qui laisse perplexe. Mais peut-être suis-je trop bête pour comprendre quelque chose à la logique post-communiste...

Pour résumer, le SNUipp ne veut pas d'un statut pour les directeurs d'école. La solution? Je cite:

Entrer par le travail réel, explicite et implicite.

Wouaaah, j'avoue que cette phrase là il fallait la trouver! Et j'aimerais énormément qu'on me montre un travail irréel, j'en serais certainement béat de stupéfaction. Mais continuons:

Le SNUipp propose un changement radical de focale. Il faut entrer par le travail réel actuellement demandé au directeur d’école, l’explicite comme l’implicite. C’est lui qui doit avoir un statut particulier, lui qui doit être reconnu pour être bien réalisé et non empêché.

Et plus loin:

Il est temps de reconnaitre que ce travail complexe et à géométrie variable est une fonction spécifique, ce qui demande une formation spécifique, des conditions de travail adaptées, et une rémunération remise à niveau.

J'avoue en perdre mon latin: pour le SNUipp, la fonction de directeur d'école doit avoir un statut particulier parce que c'est une fonction spécifique. Le GDID ne dit pas autre chose lorsqu'il explique depuis des années que la direction d'école est un métier particulier. Mais je ne comprends pas comment on pourrait donner un statut particulier à une fonction sans donner de statut particulier à ceux qui l'exercent... Un mariage de carpe et de lapin? D'ailleurs, le SNUipp termine sa diatribe par ces mots:

Entre le statu quo intenable et le statut fourre-tout, un autre chemin ?

C'est bien ça: la route est droite et bien balisée, il y a un ravin de chaque côté, et le SNUipp nous propose de parcourir le chemin à cloche-pied. Difficile de faire plus tordu pour tenter de retrouver une légitimité perdue en raison de l'obstination depuis des lustres des dirigeants de cette centrale syndicale à refuser aux directeurs d'école leur juste droit de revendiquer autre chose que les clopinettes qui leur sont octroyées. Je m'attends à lire au sujet des directeurs d'école, dans les semaines qui viennent, d'autres superbes créations dignes de l'Oulipo. Ce sera toujours un plaisir.

2 commentaires:

  1. Je ferai une autre lecture de la phrase citée :
    "Il faut entrer par le travail réel actuellement demandé au directeur d’école, l’explicite comme l’implicite. C’est lui qui doit avoir un statut particulier, lui qui doit être reconnu pour être bien réalisé et non empêché."
    Ce "lui" ne renverrait-il pas au "travail" (dite "réel") et non au directeur ?
    N'est-ce pas ce "travail réel" qui doit avoir un statut ,
    Et ce afin qu'il soit bien "réalisé et non empêché"...
    Pour le reste, d'accord avec le commentaire : c'est un charabia incompréhensible ; mais nous y sommes habitués !

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