jeudi 29 novembre 2012

Le dirlo en a plein le dos...


J'ai eu une journée épouvantable.

Si vous êtes directeur d'école, vous savez ce que ça veut dire: élèves odieux qui en plus bâclent leur boulot, joyeusetés diverses, une ATSEM malade, coups de téléphone intempestifs, l'ordinateur du bureau qui rame comme un numide sur une trirème, un enfant qui vomit sur mes chaussures, rien ne fonctionne, tout va de travers, mal à la tête, mal dans le dos... Je finis avec une féroce envie de mordre le premier qui passe à ma portée.

Du coup, je me tourne avec une certaine colère contre mes collègues. Pas ceux de mon école, non, les collègues "en général", dindons et autres volatiles qui mériteraient pour la plupart qu'on les tire comme des palombes depuis une oueytte.

Ah ils sont jolis les professeurs des écoles, ils frétillent de bonheur avec leurs pétitions ridicules, degré zéro de l'action revendicative. Les syndicats doivent bien se marrer. Moi ça ne m'amuse pas. Pourquoi? Parce qu'ils mélangent tout et n'importe quoi. Des exemples?

- Réclamer le retour des RASED tels qu'ils étaient il y a cinq ans, dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils ont fait la preuve de leur inefficacité, est idiot. De quoi se mêlent-ils, ces pétitionnaires? Qu'on installe donc les enseignants spécialisées dans les endroits où ils sont nécessaires, en surnombre, afin qu'ils y bossent à plein temps et au sein des classes avec les élèves qui en ont besoin.

- Demander pour les directeurs d'école des journées de décharge et la "pérennisation des EVS" est une imbécillité. De quoi se mêlent-ils, ces pétitionnaires? Ils veulent nous casser la baraque ou quoi? Je ne veux pas d'EVS -se taper de nouveau la formation d'un emploi précaire, c'est à tout point de vue indéfendable-, je ne veux pas de journées de décharge, je ne veux pas de hochet, je veux un statut d'emploi clair, précis, juridiquement valide, accompagné de l'autonomie et de la reconnaissance administrative et financière qui vont avec. Je suppose que les petits mignons qui ont pondu cette pétition n'ont aucune idée de ce qu'est une direction d'école. Allez, je vous la laisse, venez, vous verrez quel régal c'est de se faire bouffer par tout le monde, les adjoints en tête.

La seule revendication que j'admette juste, c'est celle de la rémunération des enseignants du primaire. Elle est tellement ridicule aujourd'hui que ça en devient gênant. Il va falloir que je prenne un troisième métier en soirée pour faire tourner mon ménage? Oui, j'ai déjà deux métiers, j'enseigne à 29 petits monstres et je suis en plus directeur d'école, sur mon temps libre évidemment, comment voulez-vous faire autrement. En plus je suis payé à coups de garcette. Alors un troisième métier, pourquoi pas, ce ne serait certainement pas plus pénible que les deux premiers. Et certainement mieux rémunéré. Les professeurs des écoles, cadre A, sont même par l'INSEE considérés depuis 2003 comme exerçant une profession intermédiaire. Encore un ou deux ans à ce régime et nous tomberons tête baissée dans le lumpenproletariat. Quelle alléchante perspective, surtout pour un directeur d'école qui, malgré une indemnité qui s'apparente à une aumône, se décarcasse quand même pour son école.

Pourquoi tête baissée, au fait? Le Général de Gaulle disait que les français sont des veaux; que sont alors les enseignants de ce pays, incapables de revendiquer leur dû de façon constructive? On dirait un regroupement de gamins immatures qui tapent du pied la figure toute rouge en criant "non". Quant aux directeurs d'école, qui se laissent bouffer la laine sur le dos sans réagir depuis des lustres, que sont-ils sinon des moutons bêlants bons pour l'abattoir? Qu'attendent les directeurs des écoles publiques françaises pour rejoindre comme moi le GDID et une bonne fois pour toute lui donner par le nombre la légitimité la plus totale face aux syndicats et au ministre lors des négociations qui s'ouvriront en janvier prochain? Non, tout ce petit monde se contente de s'agiter sur internet en se donnant l'illusion de l'importance qu'il n'a pas, et tape joyeusement sous pseudonyme -dans ce monde là, monsieur, on est trop lâche pour donner son vrai nom- sur ceux qui agissent vraiment.

J'ai envie de mordre, je vous dis.

1 commentaire:

  1. Je suis d'accord avec les veaux , mais on n'a qu'à s'en prendre à nous même car elle est loin la solidarité qui existait à l'époque du SNI.Un vrai syndicat représentatif avait plus de poids que tous ces syndicats ......Je fais parti des veaux, certainement!, mais je reste persuadé que les enseignants sont malgré tout des Lions ( sans dents ni griffes)commandés par des ânes.
    Félicitations pour cet article qui relate notre vécu.
    Guy

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