mercredi 14 novembre 2012

Protocole, le retour...


J'explique ici depuis des mois que l' "aide personnalisée aux élèves en difficulté" est une imbécilité. Elle est parfaitement inefficace, tous les rapports le disent. Elle allonge la journée de classe des élèves les plus faibles, ce qui est une aberration. Elle stigmatise les élèves en question, ce qui est parfaitement contraire à toute équité. En maternelle, elle est d'une totale absurdité. Bref, ce dispositif monstrueux ne sert à rien, il n'est que le fruit incestueux de relations contre nature entre un ministre et un syndicat d'enseignants, et n'a jamais servi qu'à supprimer les heures de cours du samedi matin.

A l'époque, en 1986, le SE-Unsa, puisque c'est de lui qu'il s'agit, fut l'instigateur du dispositif. Il le payera très cher lors des élections professionnelles qui suivront, la majorité des enseignants considérant le protocole signé avec le ministre comme une forfaiture. Ce fut mon cas, et je ne l'ai toujours pas digéré. Mais manifestement la leçon n'a pas porté...

J'imaginais naïvement que la "refondation" voulu par M. Peillon, qui nous amènerait à travailler le mercredi matin, mettrait fin à cette abominable chimère. Or, qu'apprends-je aujourd'hui? Le SE-Unsa, toujours lui, nous a remis le couvert avec notre nouveau ministre, et semble se satisfaire que le dispositif de l' "aide personnalisée" soit conservé, malgré notre travail du mercredi matin. Tout ça pour une diminution des journées de classe de... 3/4 d'heure! Quel succès! Quelle innovation! C'est pour obtenir ça que des centaines de personnes ont été mobilisées et prétendument entendues pendant plusieurs semaines lors d'une concertation dont il semble bien que j'avais dénoncé avec raison le caractère illusoire?

Mais que se passe-t-il donc dans la tête de ces gens-là? Croient-ils vraiment "rénover" l'école avec de telles mesurettes dont le ridicule n'est égalé que par l'inefficacité? Christian Chevalier, ci-devant patron du SU-Unsa, pense-t-il vraiment faire œuvre utile en réclamant que perdure ce qui fut une erreur dramatique dès 1986? Je suis écœuré qu'on laisse encore aujourd'hui les syndicats et les hauts fonctionnaires de la Direction des écoles gouverner ensemble l’Éducation nationale, alors qu'ils la mènent de concert depuis des années à sa perte. M. Peillon voulait certainement laisser son nom dans l'histoire, mais comme celui de ses prédécesseurs il ne sera qu'un nom de plus dans une longue litanie de ministres...

J'imagine bien les directeurs d'école l'année prochaine, toujours pas reconnus par un ministre pieds et poings liés par sa Direction des écoles et des syndicats aux convictions idiotes, se taper pour des IEN aux dents longues des tableaux Excel sur l' "aide personnalisée". Chers amis, rien ne changera, vous pouvez désormais en être sûrs. Et la "refondation", comme prévu, ne sera qu'une vague ripolinisation du système.

Ce sera sans moi.

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