dimanche 23 juin 2013

La rentrée sera lourde...


Le GDiD a été reçu au ministère de l’Éducation nationale jeudi dernier. En cette fin d'année qui pour chacun d'entre nous, directrices et directeurs d'école, est synonyme de tâches multiples et simultanées, on ne peut décemment reprocher aux bénévoles de l'association de ne pas immédiatement communiquer sur le sujet, car j'imagine que tout autant que moi ils ont la tête dans... euh... dans ce que vous voulez (cirage, semoule, purée -ou pire-). D'autant qu'il est décent et raisonnable de ne pas couper l'herbe sous le pied du ministère, qui ne se réjouirait certainement pas de voir étalées au grand jour des propositions ou pistes de travail qui devront pour la plupart être discutées avec les syndicats en septembre lors de "l'agenda social". Soyons sérieux.

J'imagine tout de même que le GDiD ne va pas tarder à nous faire parvenir quelques informations, avant les vacances j'entends. Informations qui seront lourdes de conséquences pour le GDiD comme pour le ministère. Effectivement, il est clair que le GDiD est aujourd'hui unanimement considéré comme un interlocuteur sérieux et compétent, représentatif, à la présence justifiée dans toute discussion concernant les directeurs d'école. Ces derniers ne s'y trompent d'ailleurs pas en étant toujours plus nombreux à rejoindre l'association, ce dont je me réjouis fortement car le nombre fait la force face à des centrales syndicales qui pour certaines mettaient encore récemment en doute notre représentativité. Si vous ne l'avez pas fait, prenez donc dès aujourd'hui votre adhésion pour l'année scolaire 2013-2014, ces vingt euros vous rapporteront je pense beaucoup. Je suis persuadé que le nombre d'adhérents va exploser de façon justifiée. Mais le ministère également a tout intérêt à ce que le GDiD communique rapidement! N'oublions pas que le SE a posé récemment une "alerte sociale", préalable à un préavis de grève. Il serait dommage d'observer dès la prochaine rentrée un mouvement difficilement contrôlable comme pourrait l'être une grève des directeurs d'école -une grève administrative avec abandon des clés OTP?- et leur refus de communiquer tout chiffre et toute information.

D'autant que cette rentrée de septembre 2013 est cruciale pour l’Éducation nationale et M. Peillon, puisque nous verrons les premières applications de la "refondation". Disons-le, la rentrée sera lourde. Pas uniquement pour les écoles qui passeront aux nouveaux rythmes scolaires, et dont les directeurs vont certainement s'arracher les cheveux à jongler entre leur classe, leur direction d'école, la gestion des nouveaux horaires et celle des temps communs avec le périscolaire, etc. Mais aussi pour toutes les écoles qui n'y passeront pas et dont les directeurs devront néanmoins en plus de leurs six heures de classe organiser des APC, gérer les temps de réunion, j'en passe et des meilleures. Le ministère a largement alourdi pour septembre 2013 la barque d'une gestion déjà difficile au quotidien sur le terrain. Je fais mes condoléances aux directeurs d'école de ce pays, chers collègues, je compatis à nos prochains soucis.

Je fais aussi tous mes vœux aux collègues imprudents qui voudront intégrer dans leur école un EVS ou un "contrat aidé"... Franche rigolade en perspective! Le ministère a certainement cru sur parole des syndicats qui après avoir dit pis que pendre des EVS veulent aujourd'hui en mettre partout, en dépit de toute logique, mais surtout en dépit des dénégations des directeurs d'école qui voudraient du temps à eux, du temps de professionnel, et non du temps de personnels non formés, souvent incompétents, quand ils ne sont pas totalement réfractaires à cet emploi étrange de bouche-trou scolaire payé au rabais. Je suis persuadé que M. Peillon est ravi d'avoir fait avec ces EVS et ces "contrats aidés" quelque chose pour l'école. Dramatique erreur, dont on verra le résultat sur le terrain dès la rentrée avec à mon avis des cafouillages monstrueux.

Il est donc très important que, dans ces circonstances qui s'annoncent difficiles, le GDiD communique avant les vacances, afin de prévenir d'inévitables montées de colère chez des directeurs d'école sans perspective. Se dire que telle ou telle amélioration sera rapidement mise en place nous permettra de patienter. Mais sans annonce avant les vacances, je doute que l'énergie et la bonne volonté des directeurs d'école ne soient pas sérieusement écornées. Le ministère aurait donc tout intérêt à faire un geste rapide, dans les quinze jours qui restent.

Des trois mesures urgentes à prendre que j'ai déjà évoquées dans ce blog, l'une devra clairement attendre septembre, celle de l'éventuelle généralisation du point d'indice supplémentaire pour l'accès à la hors-classe dont il est logique et raisonnable d'imaginer qu'elle sera discutée lors de "l'agenda social" dans le cadre des mesures plus larges quant à la revalorisation de la fonction. J'aspire évidemment toujours à la création d'un statut pour les directeurs d'école, même si certains syndicats que je ne nommerai pas par charité chrétienne, se gargarisent déjà que ce ne sera pas le cas (attendez les prochaines élections professionnelles de 2014, mes cocos, on va rire!). Sur ce point, je ne lâcherai rien et ne me satisferai pas de clopinettes syndicalo-ministérielles.

Deux mesures en revanche peuvent être affirmées rapidement tant elles sont simples à prendre, l'une d'ailleurs étant quasiment induite dans l'autre: l'affirmation de l'autonomie des écoles, et la gestion des 108 heures par les directeurs d'école. Qu'est-il besoin d'une surveillance presque policière par des IEN déjà surchargés de l'emploi du temps des écoles? Les directeurs ne sont donc pas considérés comme des adultes et des gestionnaires responsables? Il est vrai que l'infantilisation à outrance des personnels reste une des bases du fonctionnement de l’Éducation nationale, ce qu'il est largement temps de changer. Il faut donc laisser à la direction d'école la gestion de ces temps, dont il est nécessaire parallèlement de totalement la décharger. Comment peut-on raisonnablement envisager qu'un directeur d'école gère son établissement tout en encadrant des APC et en surveillant l’organisation du dispositif? Si je prends mon propre exemple, je suppose que je devrais accomplir ma mission proprement dite passées 18h? Ridicule. L'encadrement des APC en particulier est incompatible avec la mission de direction. Évidemment, laisser aux directeurs d'école le soin de gérer ces temps tout en les en dispensant serait en soit déjà une affirmation claire de l'autonomie des écoles, et de ce que les directeurs sont des professionnels reconnus.

Donc, il y a urgence. Double urgence. Pour le GDiD, de communiquer rapidement; pour le ministère de parler clairement avant les vacances, et de faire une première annonce simple et sans équivoque. Car les directeurs d'école ne se satisferont et ne se contenteront pas d'EVS et de "contrats aidés" qu'ils n'ont jamais demandé.

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