dimanche 26 janvier 2014

Et avec les syndicats, les dirlos en sont où ?


Il est intéressant en ce début d'année 2014, alors que nous allons peut-être enfin voir ce que M. Peillon a réellement dans les poches, de se poser la question de ce que syndicalement les enseignants en général et les directeurs d'école en particulier peuvent attendre de leurs soi-disant représentants.

Pour comprendre ce que je vais écrire ici, il faut bien se représenter le jeu syndical comme une partie de cartes en continu, un poker menteur permanent, ou un jeu de dominos qui ne cesse jamais. C'est à qui prendra la main, proposera le jeu le plus intéressant, utilisera ou non une éventuelle pioche, voire sortira des cartes de sa poche... et finalement raflera la mise. Il ne faut pas être dupe, et croire que propos de la partie soit réellement le bien-être des personnels: c'est un jeu de dupes, un jeu de pouvoir, qui apporte ou non confort, tranquillité, et surtout journées de décharge syndicale, pour le plus grand profit des centrales gagnantes. L'objectif premier d'un syndicat est bien de se conquérir un public fidèle, qui adhérera peut-être mais surtout votera pour lui aux élections professionnelles, car les avantages que procurent une bonne place dans ces scrutins ne sont pas négligeables. Il faut donc séduire son électorat et tenter d'en conquérir un nouveau, quitte à raconter n'importe quoi ou flatter ses plus bas instincts, au détriment bien sûr de la pluralité des opinions et des réalités de terrain. Vous me trouvez cruel? Regardez ce qui s'est passé depuis vingt ans, regardez comment les syndicats ont abandonné sans état d'âme les personnels de l’Éducation nationale dans tous les domaines. Non, je ne suis pas cruel, je ne suis que réaliste, et comme personnellement je ne me suis depuis le début de ma carrière jamais fait aucune illusion quant à l'honnêteté de la plupart des organismes syndicaux et de ceux qui y militent, je n'ai depuis tout ce temps aucune déception, juste une simple confirmation de ma façon de penser. Mais c'est souvent agaçant d'avoir raison. Évidemment, il existe des syndicalistes honnêtes, mais il sont portion congrue. Il existe aussi, et ils sont plus nombreux, des syndicalistes bercés d'illusions qui confondent opinion politique et engagement syndical, et prennent le second pour soutenir la première. Ceux-là sont souvent déçus et aigris par la réalité de leur propre engagement.


Mais que je regarde ce que j'ai comme signets dans mon navigateur dans le tiroir syndical... Voyons... dans le désordre, j'ai SUD Éducation, l' UNSEN-CGT, le SNEP-FAEN, le SCENRAC-CFTC, le SNUDI-FO, le SE-UNSA, le SGEN-CFDT et le SNUipp, ainsi que leurs éventuelles déclinaisons locales. Jolie brochette! Mais faisons du tri.

Voyons, je peux en gros faire deux paquets: d'un côté les syndicats extrêmes arc-boutés sur des convictions qui fleurent bon un marxisme désuet mal digéré, de l'autre les syndicats réformistes. Plus un singleton qui passe d'un côté à l'autre on ne sait jamais vraiment pourquoi, mais qui ne pourra à terme que devenir totalement réformiste s'il ne veut pas se trouver enfoui dans les poubelles de l'histoire syndicale de l’Éducation nationale. Vous noterez que la question de la direction d'école rentre pleinement dans ce schéma, puisqu'elle est farouchement combattue par le premier paquet et activement défendue par le second, avec des nuances toutefois.

Voyons d'abord les syndicats extrémistes. Nous y trouvons pêle-mêle SUD, la CGT, et FO. Ces centrales syndicales qui se détestent cordialement n'ont qu'un seul programme facilement résumé en un seul terme: "NON!" Non à tout, vive l'immobilisme, ne touchons à rien, à bas tous les patrons, ni Dieu ni maître, mort aux vaches... Ces gens veulent le bonheur de tous, mais à condition que ce soit selon leur propre vision des choses, quitte à l'imposer à coups de baïonnette. Ils sont de la trempe de ceux qui au cours des décennies ont soutenu Staline, Trotski, Mao, Pol Pot, que des grands démocrates populaires qui après avoir affamé leurs peuples respectifs ont fini de les exterminer dans des camps dédiés; des tyrans sanguinaires qui ont joyeusement, au nom de l'humanité, inventé le génocide et le plan quinquennal, le goulag et l'extermination de masse. Une chose qui m'a toujours fait rire -jaune-, c'est l'idée que les pires dictateurs se sont toujours réclamés de la démocratie et du peuple. Tout le XXème siècle en a payé le prix, faisant de la fin du millénaire la pire période de toute l'histoire humaine.

Inutile donc de préciser que pour ces trois centrales syndicales, faire évoluer l’École, et a fortiori rénover la mission de direction, sont des casus belli. On retrouve avec plaisir à chaque intervention d'un leurs séides les mêmes mots "caporalisation" et "petit chef" qui finissent par devenir un régal de fin connaisseur. L'idée qu'une école doit avoir un leader, quelqu'un qui la dirige et oriente son travail pour le plus grand profit de ses élèves et de leur réussite, est au-dessus des forces de ces gens-là qui persistent à se bercer de l'illusion pernicieuse et suicidaire d'une grande fraternité enseignante égalitaire et collectiviste. Ceux qui comme moi dirigent sur le terrain depuis de longues années apprécieront à l'aune de ce qu'ils ont pu connaître du sens de l'intérêt et du bien commun que peuvent avoir les enseignants...

J'admets pour être totalement honnête que je veux faire un cas à part de Force Ouvrière. La façon dont ce syndicat s'est mouillé et investi pour défendre dernièrement Jacques Risso, la façon dont il a savamment mené la danse, ne mérite que des éloges que je ne peux passer sous silence. Cela ne m'étonne d'ailleurs pas, FO a toujours considéré par exemple que le GDiD, a défaut d'avoir raison, méritait à ses appels le respect de réponses certes négatives mais claires et respectueuses. C'est tout à son honneur. Je dirai qu'au prochaines élections professionnelles, si on peut allègrement oublier FO comme SUD et la CGT sur le plan national, il sera peut-être intéressant de reconsidérer la question de FO sur le plan local.

Ne comptons donc pas sur ces trois centrales pour obtenir un statut clair et distinct pour les directeurs d'école, et voyons notre second paquet. Celui-ci défend l'idée que la direction d'école est une mission difficile et laissée pour compte qui ne peut plus être négligée dans l'école du XXIème siècle. On trouve dans ce paquet une majorité de grandes centrales syndicales, comme quelques petites: le SNEP-FAEN, le SCENRAC-CFTC, le SE-UNSA et le SGEN-CFDT. Les trois premières ont fait la course en tête pour écouter puis reprendre partie ou totalité des arguments du GDiD, la dernière a un peu traîné la patte mais a fini par s'investir totalement. On peut a priori compter sur elles pour ne pas laisser en friche la question de la direction d'école, comme le prouve la dernière intervention au Sénat du SGEN-CFDT. Il faudra songer sérieusement à ces quelques syndicats lors des prochaines élections professionnelles, autant voter pour des gens qui nous soutiennent, chers collègues directrices et directeurs. Il faut en particulier noter l'investissement très fort du SE-UNSA ces deux dernières années pour que la question de la direction d'école ne soit pas abandonnée par un Vincent Peillon peu au fait des réalités de terrain. Je n'ai pas de sympathie particulière pour ce dernier syndicat, mais pour être encore une fois honnête je pense que sans lui nous n'aurions rien obtenu du tout lors des récentes négociations. Voilà, c'est dit.

Reste un singleton. Le SNUipp bien sûr. Première centrale syndicale française, en voix lors des élections professionnelles comme certainement en nombre d'adhérents, le SNUipp ne sait plus ou il en est, et louvoie au gré du vent en donnant l'impression de ne plus avoir aucun cap. Le SNUipp fait du cabotage. Tiraillé entre deux factions internes rivales aux intérêts et aux motivations divergents, le SNUipp n'arrive pas à choisir son camp, ou comme j'en parle ici ne sait pas dans quel paquet il doit tomber. Ses positions oscillent donc curieusement, de semaine en semaine, entre des positions extrémistes qui lui font tout refuser, et d'autres qui pourraient montrer un semblant d'ouverture. Le SNUipp est en perte de vitesse, il sème ses adhérents -ce n'est pas moi qui le dis, mais le SNUipp lui-même-, il ne sait plus où se positionner. Mais il est évident, vue la force du vent de l'histoire, qu'il ne pourra qu'être réformiste et rejoindre le SE-UNSA et le SGEN-CFDT entre autres dans la défense de la direction d'école s'il tient à conserver sa position prédominante dans la profession enseignante. Lui faudra-t-il pour ce faire quitter la FSU? Ou réformer de l'intérieur cette même FSU, en prenant l'ascendant sur le tout-puissant SNES? En faisant le choix de la réforme, se scindera-t-il comme le fit il y a vingt ans le défunt SNI-PEGC? Ce sont des questions auxquelles il ne m'appartient pas de répondre, mais qui agitent certainement les dirigeants de la centrale syndicale. Toujours est-il que le choix devra être rapide, car les prochaines élections professionnelles auront lieu à la fin de cette année 2014, et le SE-UNSA est bien parti pour en être le grand vainqueur. Juste retour des choses? Je n'ai pas à me prononcer là-dessus.

Voilà donc en gros où on en est. C'est assez rassurant, car cela démontre tout de même que douze années de lutte de la part du GDiD pour convaincre ont porté leurs fruits, suffisamment pour qu'une majorité de grandes centrales syndicales retiennent et reprennent les revendications des directeurs d'école qui saturent à tous les niveaux. Comme directeur, je me sens soutenu comme je ne l'avais jamais été depuis que j'ai commencé à remplir cette mission, il y a tout de même maintenant presque quinze ans. Oh, rien n'est dit, rien n'est fini, il ne faut rien lâcher, et le GDiD ne lâchera rien! Nous avons avec le GRAF un début de reconnaissance -mais ce n'est qu'un début, c'est un statut qu'il nous faut-, nous avons besoin de tout ce qui doit accompagner cette reconnaissance en termes de moyens: du temps, un salaire digne, une existence juridique reconnue, etc. Si nous avons fait une avancée décisive, nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. Mais ça vaut le coup de continuer à y travailler. D'ailleurs, au passage, si vous voulez rejoindre le GDiD, n'hésitez pas, vos 20€ permettront de mettre du carburant dans la machine. Dans quelques jours le GDiD sera auditionné au Sénat, ce genre de déplacement coûte cher. Et puis, ne serait-ce que par principe... Après tout, il n'existe en France qu'une seule et unique association nationale des directrices et directeurs d'école!

3 commentaires:

  1. Comment Sudéducation, fondé dans les années 90, a-t-il pu soutenir Staline ou Pol Pot ! T'écris autant de bêtises sur ton blog que sur Facebook. Et en plus t'as pas le courage d'assumer puisque tu te caches derrière un pseudo. Dommage que tu m'aies interdit l'accès à la page Facebook du GDID. Ca aussi c'est très courageux. Bruno.

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  2. Le pseudo, c'est pour me protéger, cher ami, ayant à une époque où je laminais M. Darcos eu l'occasion de tâter de l'efficacité de la veille internet du ministère... Je n'épiloguerai pas. Quant à la page Facebook du GDiD, je n'y ai plus accès non plus, car je n'ai rien à voir avec elle. Elle a disparu, c'est tout, je n'y suis pour rien. Enfin, inutile de la jouer parano ou victime, les récriminations d'autrui m'indiffèrent. Bisous.

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  3. "Quant à la page Facebook du GDiD, je n'y ai plus accès non plus, car je n'ai rien à voir avec elle."
    Je confirme. Aucun rapport. La page est fermée, tout simplement, pour d'autres raisons.
    Le webmaster du GDID

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