dimanche 25 mai 2014

Référentiel-métier? Kézaco?


La reconnaissance du métier spécifique de directeur d'école avance. En dépit du changement de ministre et des soubresauts absurdes de la réforme des rythmes scolaires, le ministère a conservé le calendrier prévu des travaux attachés à notre mission. Ce qui signifie que si tout se passe bien nous aurons dès septembre de premières avancées significatives.

Nous n'aurons pas tout, certaines mesures comme la création du Grade à Accès Fonctionnel (GRAF) n'interviendront qu'après nouvelles discussions en 2015. Mais 2014 devrait voir par exemple l'évolution nette de la formation des directeurs d'école, et surtout la finalisation du Référentiel-métier.

Référentiel-métier? Qu'est-ce que c'est que ça?

Actuellement, nos tâches varient au gré du vent, et au gré des desiderata plus ou moins justifiés des IEN ou des DASEN. Clairement nous sont parfois dévolues des responsabilités que nous ne devrions pas avoir, soit qu'elles ont été inventées par une équipe de circonscription devenue folle de paperasse, soit qu'elles soient destinées à un flicage généralisé totalement infantilisant.

Le référentiel-métier, ce ne sera ni plus ni moins que la liste exhaustive de nos missions, de nos responsabilités et de nos prérogatives qui y seront attachées. Aujourd'hui nous n'avons que deux de ces dernières, celle de la répartition des élèves, des classes et des moyens -inscrite dans la Loi-, et celle de l'admission des élèves dont nous sommes seuls responsables et qui peut parfaitement -même si beaucoup l'ignorent- ne pas correspondre aux inscriptions faites par la Mairie: si vous ne pouvez pas "admettre" un élève non-inscrit, vous pouvez en revanche parfaitement ne pas admettre un élève inscrit, et nul ne peut s'y opposer.

Ce référentiel-métier sera l'alpha et l'omega de notre mission. Personne, ni DASEN ni IEN, ne pourra vous refuser ou limiter une mission qui y sera inscrite, comme nul ne pourra vous imposer une tâche qui n'y sera pas. Seul le ministère pourra réviser ce référentiel.

Le GDiD, que le ministère a plusieurs fois sollicité sur ce sujet comme représentant réel des professionnels de terrain, va prochainement participer à sa finalisation, la première mouture ayant dû normalement être récemment remise à M. Hamon, et restera attentif à son applicabilité. La qualité du texte est primordiale pour qu'il soit rapidement compris, pris en compte et maîtrisé par les directeurs d'école. Il en est évidemment de l'intérêt du ministère, qui a vu suffisamment de réformes capoter pour avoir peut-être enfin réalisé que l'implication des directeurs est indispensable à la réussite d'une directive quelconque. Il en est également de l'intérêt des IEN, que ce référentiel amènera à redéfinir aussi leur mission une fois la nôtre clarifiée et certainement assainie des diverses scories plus ou moins locales.

Non, ce n'est pas encore un statut. Mais c'en est la première étape indispensable. Les nouveaux directeurs connaîtront désormais l'intégralité de leur mission comme son cadre, ses limites et ses prérogatives, ils seront formés spécifiquement pour cette mission, les jurys pour la liste d'aptitude sauront quoi leur demander, les IEN sauront ce qu'ils ne peuvent pas leur réclamer... Le GRAF, qui a le mérite d'autoriser le retour à son corps d'origine, deviendra alors clairement un statut spécifique de directeur d'école. Il restera le souci du retrait éventuel de mission, comme le montre l'ahurissante affaire Jacques Risso, mais ceci fera certainement l'objet d'un autre débat. Néanmoins il sera désormais plus compliqué d'effectuer un retrait de ce genre du fait du prince car il faudra clairement pour un DASEN démontrer que le référentiel n'a pas été respecté. Ce sera donc tout de même aussi un filet de sécurité pour les directeurs d'école.

Bref les choses avancent. Il restera à définir et à nous donner une qualité juridique particulière qui nous évitera de "payer" pour autrui et peut-être nous permettra d' "acter" dans certains domaines. Il restera aussi à nous octroyer certains avantages -points, accès à la hors-classe, traitement ou indemnité...- qui attireront à cette mission difficile mais qui peut être exaltante une nouvelle génération de directrices et directeurs d'école, au lieu d'être aujourd'hui le repoussoir que l'on connait. Soyons patients, nous y sommes presque.

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