dimanche 3 avril 2016

Les poncifs ont la vie dure...

Bien que, lassé des atermoiements de nos gouvernants et hiérarchie quant au statut des directeurs d'école, j'aie vaguement décidé de me retirer un peu des vains combats et autres âpres et stériles discussions sur le sujet qui émaillent l'internet français, néanmoins je me donne la peine de continuer avec régularité ma revue de presse personnelle. J'aime quand même rester au courant de ce qui se passe - pas grand chose - et de ce qui s'écrit - pas mal de conneries -.

J'y constate que les poncifs ont la vie dure. C'est assez ahurissant, en 2016, de lire ce que je lis sur la mission que j'exerce avec dévouement depuis quinze ans. Je consulte des forums ou des commentaires d'articles variés où je rencontre virtuellement des professeurs des écoles qui ne peuvent considérer leur directrice ou directeur d'école que comme un ennemi potentiel ou réel, qui ne rêverait que d'abaisser les enseignants de leur école, de leur mettre des bâtons dans les roues, de les contraindre de toutes les façons imaginables. Par essence pour ces gens-là le directeur d'école ne peut être qu'un salaud. Je suis très intrigué. Que peut-il bien se passer dans la tête de ces enseignants qui ne voient les rapports dans leur métier qu'en termes de conflit ou d'agression?

Pourtant j'en ai croisé, des dirlos et des dirlettes. Plus certainement que la majorité des enseignants, avec mes quinze années de remplacement, qui pour moi à l'époque se faisaient sur mon département entier. J'ai eu contact avec quelques cons, deux ou trois ahuris, certains éteignoirs, plusieurs alcooliques écrasés par leur mission et abandonnés tant par leurs collègues de travail que par leur hiérarchie... Un ou deux dictateurs effectivement si mes souvenirs sont bons, qui essayant avec moi leur petit jeu habituel se retrouvaient un peu surpris le bec dans l'eau: je déteste jouer. Mais surtout j'ai rencontré une immense majorité de gens biens, souvent fédérateurs, partout surchargés de boulot, mais faisant le maximum pour que leur école "tourne" et pour faciliter le boulot de leurs adjoints.

Alors pourquoi aujourd'hui encore tant de haine? Jalousie? Peur instinctive du "patron", savamment entretenue par certains syndicats? Je l'ignore tant parfois certains commentaires me surprennent par leur virulence et leur animosité. Le directeur, ou celui qui veut le devenir - par intérêt pour la mission quelquefois mais souvent par opportunisme, afin de se rapprocher de son domicile -, est par essence suspect de vouloir contraindre, d'aimer le "pouvoir" (quel pouvoir?), de vouloir "se mettre en avant"... Et que je retrouve souvent citées nos légendes urbaines à nous, comme ce directeur d'école incompétent dans sa classe ou ce bourreau d'enfant qui veut se réfugier dans un bureau, comme cette copine de l'IEN à qui cette dernière excuse tout et n'importe quoi, voire même ce directeur d'école amant de son inspectrice... Bref tout y passe de ce que l'imagination fertile d'un professeur des écoles peut broder, qui fera la rumeur de la prochaine récréation. Vous imaginiez les rapports entre enseignants comme de merveilleux remue-méninges pédagogiques? Désolé de vous décevoir, les discussions entre enseignants relèvent plus généralement du Café du Commerce ou de la discussion de pissotière.


J'ai souvent l'impression qu'il s'agit dans une école de savoir qui a la plus grosse, ou le plus gros (ego). Et que dans ce petit jeu ridicule c'est généralement la directrice ou le directeur qui justement s'en tire le moins mal, à tenter quotidiennement d'apaiser les tensions et gérer son école de manière globale pour le bénéfice de tous et au détriment du moindre.

Cela serait supportable si les pires arguments n'étaient pas mis en avant pour décrier cette précieuse mission de direction d'école. Et surtout évidemment les arguments les plus fallacieux! Le directeur n'est pas le supérieur hiérarchique de ses adjoints? FAUX. A partir du moment où le directeur peut autoriser ou interdire une sortie scolaire, ou imposer un niveau de classe à un enseignant, c'est bien une autorité hiérarchique qui s'exerce, et le directeur seul la possède. Relisez votre référentiel, mes chéris (ou cette décision du Conseil d'état en 2006: "...un contexte de relations difficiles entre l'intéressé et son supérieur hiérarchique."). Le directeur doit se plier aux décisions du Conseil des maîtres pour ce qui concerne la répartition des élèves ou des classes, ou laisser choisir les plus anciens dans l'école, ou... FAUX. Le directeur consulte, mais décide, et s'il considère que le choix qu'il va opérer doit se faire au mieux de l'intérêt des élèves et non de celui des enseignants, c'est bien à lui et à lui seul de prendre les décisions. Relisez votre référentiel, mes chéris. Il n'y pas dans une école de droit coutumier ou de pression de l'IEN, c'est le dirlo seul qui tient la barre et qui n'a à en référer à personne. Eeeeh oui! Alors pour les petits jeunes qui voudraient tâter de la mission de direction, soyez-en bien conscients: vous allez très vite devenir l'ennemi, l'enquiquineur, l'empêcheur de tourner en rond, l'emmerdeur... et surtout celui qui ne laisse pas les vieux enseignants d'une école ne faire que ce qui les arrange, quitte à laisser à un débutant un CP-CE1.

Bref, j'en ai marre de lire les mêmes discours effarants un peu partout. Être directeur d'école en 2016 est déjà assez complexe et difficile, chronophage et énergivore, pour accepter de se laisser traîner dans la boue par un aréopage de guignols incompétents, mélange nauséabond de syndicalistes véreux et de vieux instits aigris, qui seraient tous bien incapables pour la plupart de correctement diriger une école sans d'emblée vouloir pour le coup systématiquement imposer leurs pervers points de vue et au nom de la démocratie surtout ne faire que ce que leur propre intérêt réclamerait. Enlevez vos masques, Frégolis!

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