mercredi 8 juin 2016

Pourquoi la disparition du GRAF n'est pas en fin de compte une si mauvaise idée...

Si vous avez lu mon précédent billet, (et il a été beaucoup lu), vous savez que les accords PPCR prévoient la création en septembre 2017 d'une "classe exceptionnelle" en lieu et place du GRAF qui était discuté depuis plusieurs années.

Le GRAF était un grade à l'accès uniquement "fonctionnel", c'est à dire lié à l'exercice d'une mission spécifique, celle de directeur d'école évidemment. En lieu et place d'un statut inatteignable - il ne faut pas se leurrer -, c'était une façon commode de reconnaître la mission des directeurs d'école. Le présent gouvernement a préféré créer un grade supplémentaire, à l'image du reste de la fonction publique. Et c'est finalement très malin.

Pourquoi? Simplement parce que de nombreux syndicats font de la reconnaissance de la direction d'école comme métier spécifique - ce que c'est pourtant, vous savez ce que je pense - un casus belli. C'est bien connu, nous sommes tous frères, pas une tête ne doit dépasser, même si cette tête en fait deux fois plus que les autres. En créant ce grade accessible par tout un chacun, la question de la singularité disparait... un peu. Disons que ça devient audible, même pour certains réticents (je ne me fais pas d'illusion pour les réfractaires globaux, qui refusent tout par principe). Mais pour autant les directeurs d'école ne sont pas ignorés puisque 80% de l'accès à cette "classe exceptionnelle" se fait de façon fonctionnelle, par l'exercice d'une mission spécifique - direction d'école, conseil pédagogique, et -. Nous ne sommes certes plus seuls, mais comme il y a plus de directeurs d'école que d'autres "missionnaires" il y a de fortes chances que ce grade soit largement phagocyté par vous autres, mes frères et mes sœurs de douleur. Joie! Noël! Alléluia! Trinité! (oui, j'en rajoute un peu.)

Alors évidemment après il faut trouver le moyen de faire une sélection pour ne pas y faire entrer trop de monde d'un coup (50000 dirlos quand même!) et bien entendu c'est là que le bât blesse encore. Tous les dirlos n'y auront pas accès. Les huit années de pratique de direction - d' "engagement", comme ils disent - ne me paraissent pas ahurissantes. En revanche il est vrai que l'obligation d'être à la hors-classe fera que seulement un certain nombre de vieillards dans mon genre pourront y accéder de prime abord. On peut espérer un changement dans quelques années... on peu espérer, j'y crois assez. Et puis il reste 20% des places accessibles on ne sait trop comment, ça c'est en pleine discussion jusqu'à la fin juillet.



Le second point qui fait que c'est une bonne idée, c'est que ce grade est commun dans le reste de la fonction publique. Il n'y avait quasiment que chez nous que ça n'existait pas.

Enfin, et ce n'est pas rien, la mission de direction va peut-être devenir une perspective de carrière, du moins pour sa dimension financière éventuelle après bon nombre d'années d'exercice puisqu' a priori ce sera le nombre d'années dans la mission qui comptera, que ce soit ou non lointain et ou non fractionné. Ce qui incitera certainement à mon sens à au moins "essayer" cette difficile mission. Disons que son exercice pourra ne pas être vain dans la carrière. Nous avons tellement peu de perspectives de carrière dans notre métier que celle-ci ne peut pas être refusée. Et j'espère que beaucoup d'enseignants que je vois exercer avec talent et beaucoup de jeunes profs qui parfois m'éblouissent par leur énergie et leur envie seront tentés par la mission de directrice ou directeur d'école. Il faut bien nous remplacer, bordel! J'arrive au bout de mon parcours, ça vaut le coup de tenter, parce que nous qui sommes directeurs depuis longtemps nous savons à quel point notre travail peut être passionnant, s'il est aussi exigeant, chronophage, énergivore, et souvent ingrat. Vivent les jeunes!

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