lundi 26 septembre 2016

Classe exceptionnelle, quelques infos importantes...

Contrairement aux autres syndicats, le SE-Unsa a l'amabilité de nous tenir au courant des discussions qui ont actuellement lieu dans le cadre du protocole PPCR et qui concernent la "classe exceptionnelle", dont je vous rappelle qu'elle devrait voir son accès réservé (je cite) à "80 % des promus au titre de l’exercice, pendant 8 ans, de fonctions identifiées ou dans des conditions particulières (éducation prioritaire par exemple)". Dont les directrices et directeurs d'école. Ouf.

D'après le SE-Unsa (que je remercie) :

"... on commence à y voir un peu plus clair dans l’organisation de ce quatrième rendez-vous de carrière. Il aura une forme différente des trois premiers, articulés autour de l’inspection et de l’entretien avec le ou les supérieurs hiérarchiques.

Des éléments stabilisés
  • Le rendez-vous ne prendra pas la forme d’un entretien, mais il sera procédé à un examen de la carrière complète
  • Chacun convient de la nécessité de fixer un barème national, différent selon que le personnel emprunte la voie 80 % (accès par la fonction) ou la voie 20 % (accès par le parcours)
  • Il y aura une période transitoire car aujourd’hui, le MEN est dans une impossibilité matérielle d’automatiser la construction de la liste des promouvables (liée à la fonction). Chacun devrait donc déposer une demande indiquant qu’il pense remplir les conditions. À charge ensuite pour l’administration de vérifier et de valider ou non l’inscription.
  • Les Commissions paritaires qui traiteront de l’accès à la classe exceptionnelle pour la rentrée 2017 se tiendront après la rentrée, avec effet rétroactif au 1er septembre.
Des éléments encore à fixer
  • Les éléments du barème (avis? Ancienneté? Fonction?…)
  • L’équilibre entre ces éléments
Comme on peut le constater, le sujet est loin d’être clos... "

Des informations importantes, donc. J'avoue ne pas comprendre pourquoi le Ministère serait incapable de dresser une liste des promouvables, mais admettons. Je crains néanmoins que certains collègues directement concernés ne passent au travers d'une possible promotion. Il sera donc indispensable de faire circuler l'information dès que toutes les décisions auront été prises.

mercredi 21 septembre 2016

Comment ne pas être en colère?

Voici un billet fort vulgaire, mais exaspéré.

Je suis directeur d'école en maternelle. Mon école a trois classes. Cela signifie que j'ai dix jours de décharge de service par an. Cela signifie aussi que j'ai ma classe à plein temps. Vingt-six élèves. Et j'ai cette année une classe de merde.

Cette expression vous choque? Désolé. Mais avec deux niveaux, un certain de garçons violents (et quand j'écris "violents" je reste aimable), une majorité d'élèves mal élevés, couvés donc qui ne rangent rien (c'est maman qui fait), égocentriques au possible voire même d'un égoïsme surprenant à cet âge, trois élèves obéissants sur vingt-six, j'en passe et des meilleures... C'est normal à cet âge? Non. Je sais maintenant pleinement pourquoi les deux collègues qui les ont subis en Petite et Moyenne sections en ont autant bavé les deux dernières années. C'est ma pire classe depuis quinze ans. Je vais en chier un max' cette année.

Mon boulot n'est pas simple. Je dois gérer mon école, et gérer ma classe. Pas l'un après l'autre, non, ce serait trop simple, mais en parallèle. Quand un papa furax débarque, qui se sépare violemment de sa compagne, je suis obligé de gérer en même temps que je tente d'accueillir mes élèves qui pleurnichent (jamais vu ça en Grande section) avec bienveillance. Joli mot, la bienveillance. Je suis pleinement dedans depuis toujours, par principe mais aussi par expérience. Mais je dois avouer que je ressens une certaine exaspération.

Alors quand je reçois ENCORE un courriel de merde, me réclamant une mesure de MERDE, en exigeant une date de MERDE, pour la troisième fois parce qu'ils n'avaient écrit que des conneries les deux premières, oui alors MERDE ! Ils sont bien à l'abri dans leurs bureaux, qu'ils y restent, parce que face à face ils en entendraient pis que pendre de leurs injonctions à la con. Ces gens-là croient-ils vraiment que je n'aie que ça à faire? Ils se foutent de ma gueule ouvertement, oui. Parce que ce n'a pas été faute de leur rappeler, ces dernières années. La "simplification administrative"? Va te faire l'en l'aire! Rien à taper. Marre des ces étages de bureliers (merci Zézette épouse X) qui n'ont aucune conscience sinon celle de leur propre importance et n'ont jamais eu ni de classe ni d'école à gérer. Je n'en peux plus. J'en ai marre.

Si je tiens encore c'est uniquement par habitude et expérience, mais je me ferais une petite merde (colonne vertébrale, cancer...) que ça ne m'étonnerait pas tant je suis à bout de tout. J'ai failli me casser la gueule dans les escaliers de l'école l'autre jour, entre ma classe bouillonnante et mon bureau exigeant, je n'allais pas assez vite pour voler certainement. Que ne suis-je tombé, je serais peinard à l'hôpital.

dimanche 11 septembre 2016

Désabusé...

Il est de notoriété publique que les enseignants français ne recommandent leur métier à personne, et surtout pas à leurs propres enfants. Directeur d'école, c'est encore pire, mais personnellement je n'ai même pas besoin de le dire, rien qu'à me voir chacun se détourne et je me demande bien qui voudra bien me succéder dans ma charmante petite école quand je prendrai ma retraite. Quant à mes enfants, cela fait belle lurette qu'ils font totalement autre chose.

Je rappelle à toutes fin utile que comme directeur de trois classes de maternelle je suis depuis deux ans "déchargé" de ma classe dix jours par an. Joie, félicité, Noël ! Cela signifie surtout que je l'ai en charge 170 jours. Et que je fais mon boulot de directeur en parallèle, ou avant ou après, mais beaucoup en parallèle parce qu'on ne me laisse pas le choix.

Ce fut comme directeur d'école, ces dernières semaines, ma quatorzième rentrée si je calcule bien. Fut-elle plus simple que les précédentes? Non. Loin de là. On m'a tellement parlé de simplification administrative, de confiance envers les directeurs d'école, que naïvement j'ai imaginé que peut-être, quand même, la rentrée serait aussi "apaisée" que notre Ministre a bien voulu l'exprimer aux médias. Je dois certainement avoir un fond de bêtise bienveillante pour y avoir cru ne serait-ce qu'une seconde.

C'est de pire en pire. On me réclame maintenant de prévoir des exercices divers, évacuation et confinement et incendie et je ne sais pas ce qu'il vont nous inventer, on m'en impose même la date pour soulager les services du 17 d'afflux inopinés d'appels "exercice exercice exercice", sans évidemment se préoccuper de la météo qu'il fera ce jour-là ni du fait que j'ai des élèves de deux à cinq ans qui n'ont aucunement ce type de préoccupation (déjà bien quand ils ne pissent pas dans leur froc). Bien entendu on me suggère - car pour le coup on n'ose pas me l'imposer - des scénarios catastrophes avec pétards ou parent cagoulé, histoire de durablement traumatiser une nouvelle génération de petits français.

J'ai reçu en trois semaines une quantité de paperasses ahurissante, par courrier électronique évidemment c'est plus simple et forcément comme toujours une pièce jointe manque puis on me renvoie une troisième fois la chose parce que le document était incomplet. Le "responsable sécurité" de mon académie bande comme un cerf en me faisant parvenir des listes imposantes ou des instructions qui ne me concernent pas, et surtout se permet "au nom du DASEN "des injonctions comminatoires comme je n'en avais pas vu depuis des années. Je dirais volontiers qu'il y a dans les multiples nouvelles et récentes strates de l’Éducation nationale (et je crois qu'il y a rarement eu autant de gens dans les bureaux) quelques personnes qui se la pètent, et surtout plus haut que leur cul.

Je passe sur la communication de mon numéro de téléphone personnel, qui n'est bien entendu pas obligatoire mais quand même si je ne le fais pas je suis un salaud qui facilite le terrorisme (on me l'a dit). Je passe parce que de toute manière je ne regarde pas mon téléphone ni n'y réponds quand je suis avec mes élèves, j'ai trop de respect pour ces derniers, et je suis navré de ne pas avoir le cul dans un fauteuil pendant mes heures de classe avec mes pitchounes. Cela me reposerait pourtant, à mon âge, et avec ce satané genou qui se déboîte.

Bref, comme le dit la chanson, "non non rien n'a changé, tout tout a continué, yeah yeah !". J'ai cinq semaines pour finaliser le PPMS - diabolique -, finaliser un projet d'école dont le contenu m'est quasiment imposé et que je n'avais pas fait parce que ma petite équipe changeait - satanique -, organiser et gérer de lourdes élections de représentants de parents d'élèves dont je n'ai qu'une liste qui sera élue quoi qu'il se passe, même si personne ne vote - méphistophélique -, et tout plein d'autres choses (and all those kinds of things). Le tout en "lançant" ma classe qui ne connait pas mes habitudes, et ceux qui lisent ce billet sauront de quoi je parle.

Alors, désabusé... J'ai comme l'impression que je me suis fait avoir.